Rencontre du troisième type

Mon regard éteint se figeait doucement dans le vide qui me faisait face, quand soudainement, sur ma gauche, une espèce d’hologramme est apparu.

D’abord agacé, j’ai tout de même doucement tourné la tête vers lui, laissant apparaître ma dégaine de boxeur sonné.

J’ai regardé ses yeux.
Et lui en a fait de même avec les miens.
Il me ressemblait un peu sans doute.
Enfin j’imagine…
Il avait aussi dû passer une sale journée…

Pourtant, alors qu’entre mes oreilles passait le tonitruant Bulletproof cupid de Placebo, il paru rajeunir.
A peine tout d’abord, puis franchement ensuite.
Il ne paraissait pas avoir beaucoup plus de 12 ans, malgré cette barbe de quelques jours persistante qui ressemblait d’un coup à un mauvais postiche.
Son casque de walkman vissé sur la tête, je l’imaginais en train de dragouiller maladroitement dans la cour du collège.
Il n’avait presque plus de ces rides fines sur le visage que j’avais remarqué à notre premier regard.
J’imaginais qu’alors il n’imaginait pas encore les tours qu’il allait se jouer à lui même.
Plus tard…
Il savait encore que tout ceci était facile, et il devait croire que rien ne pourrait le lui faire oublier…

Et puis, c’est Vivaldi qui est venu faire sonner son hiver dans mes oreilles.
Et une étrange métamorphose s’ est à nouveau opérée subrepticement chez ce môme…

Les années se sont mis a défiler dans une dimension temporelle compressée, de sorte que c’est le grand-père du gamin qui s’est pointé.
Ou quelqu’un qui paraissait lui ressembler en tout cas.
Je voyais ses traits tirés par ces crevasses que la vie avait fini par creuser profondément.
J’apercevais même derrière lui le lit sur lequel la mort s’apprêtait déjà à venir le chercher.

Il était fatigué le papi.
Il était content de partir.
Il avait fait son temps.
Il avait fait ce qu’il avait pu.
Ce en quoi il avait cru.

Je ne sais combien de temps a durer cette étrangeté.
Je me souviens juste que ce n’est que quand Brel est venu proposer son J’arrive que le temps est retourné dans son lit.
Et que l’image de l’homme que j’avais vu d’abord est revenu.

Et peu importe qu’il fut un homme avec un petit h.
Car l’image qui s’est présentée à moi était asexuée.
Il avait du être une femme il y a très longtemps.
Et sans doute le serait-il à nouveau une prochaine fois.

Il restait là, devant moi.
Pas franchement surpris que je le fixe.
Ni agressif ni apeuré.
Il me retournait mon regard sans sourire, sans attendre que je détourne le mien ni même espérer entamer une conversation que nous savions bien tous deux ne pouvoir entretenir.

Combien de temps cela a dure, je ne saurais le dire…

Je l’ai pris furtivement en photo sans lui demander son avis, et nous sommes repartis chacun de notre côté.

Puis je me suis endormi.

...et Aussi

No comment