Je ne me reconnais pas le droit de porter un jugement sur la vie d’un autre. Je n’ai d’opinion que sur moi-même et sur moi seul, c’est à moi de me juger, à moi de faire un choix, à moi de refuser.
Obéir ainsi non à un ordre extérieur, mais seulement à une voix, être prêt, voilà ce qui importait, le reste n’était rien.
Chacun peut être magicien et atteindre son but s’il sait réfléchir, s’il sait attendre et s’il sait jeûner.
Les hommes s’abandonnaient, se laissaient vivre comme des enfants ou comme des animaux et il en éprouvait du plaisir et du mépris à la fois. Il les voyait se tourmenter, peiner et vieillir pour acquérir des choses qui selon lui n’en valaient pas la peine.
La chose qu’il leur enviait le plus, parce-qu’elle lui faisait entièrement défaut, c’était l’importance qu’ils savaient donner à leur existence.
Jamais Siddharta n’avait vu d’une façon étrangement claire à quelle point la volupté était apparentée à la mort.
Siddharta aurait voulu dans cette nuit d’insomnie, se débarrasser une bonne fois de ces plaisirs, de ces habitudes, de toute cette vie absurde, et de lui-même, dût-il pour en arriver là, boire toutes les hontes et souffrir toutes les douleurs.
Quand je pense qu’il m’a fallu passer par tant de sottises, par tant de vices, d’erreurs, de dégoûts, de désillusions et de misères pour en arriver à n’être plus qu’un enfant et à tout recommencer.
Rien ne fut, rien ne sera. Tout à sa vie et appartient au présent.
Crois-tu vraiment que les folies que tu as faite, c’est pour les épargner à ton fils?
Le savoir peut se communiquer, mais pas la sagesse.
Ce sont des choses, et on peut aimer les choses. Mais ce que je suis incapable d’aimer, ce sont les paroles. Et voilà pourquoi je ne fais aucun cas des doctrines.
Hermann Hesse – Siddharta