Le mythe du bonheur

Et dans sa langue chantante, il m’a demandé si j’étais heureux?

La réponse courte et sincère eût été « Non! ». Évidemment…
Mais cela l’aurait mis mal à l’aise.
Et j’aurais eu de la peine à le sentir gêné.

J’aurais pu aussi répondre « Pas encore, mais j’y travaille »
C’eût été joli.
C’eût été mentir aussi.

Car je ne crois plus au bonheur.
Je crois que ce n’est qu’un mythe urbain.
Une intelligente invention humaine pour s’assurer que personne ne renoncerait avant la fin.
Chercher le bonheur, c’est partir à la conquête du Graal des drogues.
C’est se convaincre qu’existe une substance magique ayant le pouvoir d’apaiser définitivement toutes les souffrances inhérentes à la vie terrestre.

Alors quand il m’a demandé si j’étais heureux, moi qui ne croit même pas à cette idée, je lui ai répondu à peu près ceci:

Disons que je suis dans un tunnel.
Un tunnel exigu dans lequel on doit entrer seul.
Et débarrassé de tous ses bagages du passé.

Disons que je suis au milieu de ce tunnel.
Par ici, trainent aussi mes peurs et mes doutes.
Régulièrement, ils viennent siffler au creux de mes oreilles.
Souvent, ils parviennent à stopper ma progression.

Mais pour autant, jamais je ne me suis retourné.
Jamais, je n’ai regretté ce que j’avais laissé à l’entrée.
Jamais, n’ai-je songé qu’il fallait peut-être y retourner.

Bon gré, mal gré, je continue à avancer dans ce tunnel.
Et peut-être qu’en en sortant, je serai… Heureux? »

...et Aussi

No comment