Quand on m’a proposé d’aller assister à la pré-écoute du prochain Pearl Jam dans les locaux d’Universal, je n’ai pas hésité longtemps avant d’accepter.
Parce-que c’est Pearl Jam, certes, et qu’ils ont écrit un de ces albums-repère pour moi, Vitalogy.
Mais surtout, je l’avoue, pour voir à quoi pouvait bien ressembler une pré-écoute.
Parce-qu’à une époque où la plupart des barrières d’accès à la musique ont sauté, cette pratique « exclusive » me laissait très perplexe.
En sortant, j’avais un peu l’impression d’avoir participé à une relève de la garde devant Buckingham. Un truc totalement inutile. L’élégance et les touristes en moins.
Quoiqu’il en soit, quand j’entre dans cette fameuse salle, c’est déjà le deuxième titre, Got Some, qui passe.
Chanson pop plutôt punchy et brillante. On est plus proche de ce son anglais que j’aime, racé et maitrisé, que du son plus gras du Seattle des 90’s.
The Fixer enchaine bien, avant de me laisser plus perplexe.
When something’s lost, I wanna fight to get it back again chante Vedder.
L’aurait-il perdu cette rage, cette émotion qu’il savait faire passer dans sa voix?
Le morceau me parait un peu trop « facile ».
Et le Johnny Guitar qui suit sonne pour le coup carrément lourd…
Just Breathe parait relancer la machine. C’est le Vedder d’Into The Wild qui débarque. Jusqu’à le morceau s’emballe. Des chœurs arrivent, et tout ça me laisse un goût de Bon Jovi que je n’apprécie guère.
Amongst the Waves est plus réussi. J’aurais volontiers supprimé ce petit solo de guitare sur la fin. Mais l’ensemble est racé. Et les mots sont ceux de l’ancien galérien, tout surpris de s’en être finalement sorti.
You’ve bled yourself, the wounds are gone
Survived and you’re amongst the fittest
Unthought known fonctionne aussi bien. Le texte est plus léger, moins là pour raconter une histoire, que pour ajouter quelques notes à la mélodie.
Supersonic est sans doute le morceau le plus proche du Pearl Jam d’antan. La voix de Vedder est au mieux, même si l’on ne ressent plus, tant mieux pour lui sans doute, la tension de l’urgence et de la douleur d’antan.
Et puis arrive Speed of Sound… On a quitté Bon Jovi pour carrément tomber chez Bryan Adams. Une jolie soupe de légumes puis au lit. Mais où est donc passé Pearl Jam?
Force of Nature enfonce malheureusement ce clou après un début prometteur…
No way to save someone who won’t take the rope and just let go
…avant de m’ennuyer profondément.
J’ai l’impression qu’il n’y a plus que Vedder et sa voix pour tenir l’édifice, les 4 autres se contentant d’être des musiciens irréprochables. Ennuyeux…
The End morceau final, rattrape le coup.
Vedder, dans une joli chanson pop, conclut sur
My dear, the end comes near
I’m here, but not much longer
Je pense au dernier morceau homonyme des Beatles sur Abbey Road, espérant pour Pearl Jam que l’histoire ne s’arrêtera pas aussi ici, sur un album à peine passable.
« Ce n’est pas si dûr de faire un bon disque. Il suffit d’avoir un bon groupe et un dictionnaire et normalement après ça va tout seul » aurait dit Vedder à propos de ce Backspacer
Pour faire un disque, c’est suffisant effectivement.
Pour un bon disque, il faut aller creuser un peu plus profond, ce que Pearl Jam ne semble pas avoir voulu faire cette fois-ci.
Backspacer – Sortie le 21 Septembre 2009
Gonna see my friend / Got Some / The Fixer / Johnny Guitar / Just Breathe / Amongst the waves / Unthought known / Supersonic / Speed of sound / Force of Nature / The End