[DVD] Valse avec Bachir

Dans la foulée du visionnage de Mary & Max, j’ai eu envie de voir, enfin, Valse avec Bachir.

Adam Elliott l’avait cité comme un des films du genre « Animation », et le hasard a voulu que j’ai le réflexe de l’enregistrer un peu plus tôt dans la semaine.

Ce qui choque d’entrée, c’est la qualité, a priori médiocre, des traits des personnages. Sur quelques scènes, en particulier celle d’ouverture avec les «26 chiens», je pense à un mauvais dessin animé japonais du début des années 80.

Et puis, j’oublie ce défaut esthétique pour me laisser emporter par l’histoire qui pour le coup pourrait prendre un H majuscule.
A contrario de Mary & Max, où l’esthétique de l’animation fait totalement partie du film et ne pourrait être retranscrit avec des acteurs de chair et d’os, je pense, dans un premier temps en tout cas, que cette histoire est tellement solide qu’elle aurait, peut-être, mérité d’être joué par des acteurs.
Pour le moins, elle pourrait facilement l’être.

Puis, je n’y pense plus.
Et me laisse emmener des plages du Liban jusqu’à Beyrouth, puis jusqu’au camp de Sabra et Chatila.

Le film se termine sur des images d’archives.
Je n’ai plus en tête mes modestes observations techniques ou autre questionnement vaguement artistique du début du visionnage.

Il ne reste qu’une bonne grosse claque dans ma face.
De celles qu’il faut prendre régulièrement.
De celles qui ramène au nazisme, aux khmers rouges, et à toutes ces absurdités atrocement récurrentes de l’humanité.

Les larmes sont là…
Évidemment…
Et peu importe alors que le personnage principal ait une tête d’Albator-pas-sûr-de-lui

Le lendemain seulement, j’ai compris que la force de ce film résidait aussi dans son choix de réalisation dans l’animation.
Il n’y a pas dès lors à s’interroger sur la bonne retranscription de la réalité.
Le réalisateur laisse l’imaginaire du spectateur constituer l’histoire jusqu’à la scène finale et ses images d’archives.

C’est bien plus convaincant que n’importe quel film « classique ».
Et plus puissant que n’importe quel documentaire qui ne saura jamais, en de telles circonstances, aller au fond du fond de l’H(h)istoire.

Note: 15/20

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3 comments to [DVD] Valse avec Bachir

  • Linguine

    Ah non… La note gâche tout! ça manque de nuances une note, c’est froid, ça soustrait, brrrrr!
    A part ça, je ne suis pas tout à fait d’accord avec ton dernier paragraphe : un film « classique » ou un documentaire peuvent laisser suffisamment de place au spectateur pour qu’il ait envie d' »aller au fond de l’Histoire », en n’étant pas (trop) didactique, en ne se posant pas comme une leçon, ou un bilan.
    Bon , rien d’original mais « Nuit et Brouillard » de Resnais, c’est beaucoup d’archives, et un « regard », qui foutent une sacrée claque, bien au-delà de l’horreur des images…
    Parce que bon, ce qui est terrifiant là-dedans, c’est la planification de l’horreur, qui pose la fameuse question : mais bordel ils apprennent jamais les hommes? A quoi ça sert tout ça, si c’est pour en arriver à une aussi froide cruauté, à une telle indifférence?
    Je m’enlise, mais voici ma théorie : si le choix du « dessin animé » nous touche tant, c’est qu’il renvoie à l’enfant naïf et (n’ayons pas peur des mots) confiant que que nous avons (presque) tous été; on se pose des tas de questions, on imagine qu’un jour on aura des réponses et qu’on y sera même p’têt bien pour quéq’chose…
    Et finalement, bah, les questions on se les pose toujours, mais aucune réponse ne peut nous satisfaire et on a la plupart du temps beaucoup de mal à croire qu’un jour, les hommes vivront en paix (ne parlons pas des divers moments d’égarement narco-éthylo- philanthropiques que nous apprécions toujours bien sur le coup…)(jusqu’à… 25 ans?).
    Ah! le point de vue, l’oeuvre d’art « qui donne à voir », on en revient toujours à ça!
    Et puis après, on fait quoi?
    Ah! oui, on essaie de faire accéder tout le monde à ce « regard », ou plutôt à ce questionnement, et on espère que ça sera suffisamment convaincant (ou dissuasif?)…
    Sans certitude, et même pour beaucoup, sans espoir.
    C’est ça qui fout les boules, non?

  • […] This post was Twitted by jub2609 […]

  • Jub

    @Linguine
    Merci de ce commentaire qui ne doit pas être loin de battre le record de longueur par ici!

    La note, c’est juste un étalonnage personnel. Il ne faut pas trop s’y arrêter…

    Pour le reste, j’avoue ne pas trop savoir quoi dire.
    Pour simplement répondre à la dernière question, ça ne me fout pas plus les « boules » que ça.
    Un cadeau, on prend plaisir à l’offrir.
    Ce qu’en fera la personne à qui on l’offre, on n’y peut rien et il faut même savoir s’en détacher.
    Chacun son chemin.