Qu’une guerre perde de sa saveur, qu’importe, elle finit par trouver un combat à sa hauteur
l’un de ceux que l’on mène seul
l’un de ceux que chantent le monde
le combat de sa vie, celui où lassé de batailles, elle révèlerait enfin pleinement à son monde la réalité de sa félicité
d’aventure en aventure, elle tomba sur l’anneau à conquérir
le boulet
le soleil
le rocher dans la chaussure
le gravier perdu au milieu de la mer
l’âme égo qui enferme les péchés du monde
le diamant rubis sur l’ongle qui ferait sa fortune
« c’est encore loin grand schtroumpf? » susurrait le diamant
« au coin de la rue », semblait-on toujours lui répondre « accroche-toi, la félicité n’est plus très loin »
fée, elle devint alors prêtre, psalmodiant son destin, attendant son graal, sa récompense, sa promise
ce petit-je-ne-sais-quoi qui donnerait tout son sens à… tout ça!
année après année, la petite voix était en chaque instant plus claire et incompréhensible, brillante et inaudible
était-ce donc un Dieu qui lui indiquait le chemin?
mais quel chemin? pour quel pays?
pour quelle bataille?
Et où diable était l’anneau?
Etait-ce cette pensée qui la ceinturait? ou cette image qui l’auréolait?
ou cette illusion d’un soleil permanent au coeur de la nuit?
Les années s’empilaient en décennies, et la fée se mit à chercher un royaume de proximité.
Oublié un peu sa bataille, elle avait besoin de régner un peu.
Elle avait besoin d’un peuple à conduire, d’une ville à gérer, ou même juste de quelques amis, ou autres frères et filles au centre duquel elle pourrait peut-être rayonner.
un peu comme avant, un peu comme dans le temps, un peu pour se ressourcer en attendant la prochaine bataille.
mais il faisait si noir là où elle était désormais
et si peur
et si froid
et si seul, si seul, siseul, sisseul, s’isole…
si seulement, si seulement, elle pouvait trouver le truc, quelque chose, une recette, une baguette, pour améliorer l’ordinaire…
ou même pourquoi pas pour gagner un peu de temps…
ou gagner une petite bataille ici ou là, ou même pour remporter cette guerre définitivement…
ou même…
elle ne savait plus…
partie fée, elle n’était plus qu’un souvenir
elle ne souvenait plus de rien
ni de l’anneau, ni du gravier
de rien
elle n’était qu’un esprit en mode automatique
une âme qui ne se souvenait même plus ni d’elle-même ni de sa quête