Une chronique anglaise

– En Angleterre, quand le temps est au beau le matin, ne dis pas « tiens! On pourra faire ça cette après-midi », fais-le immédiatement car il est probable que l’après-midi, il pleuvra.

Il faisait beau ce matin-là à Clapham. Chaud mais pas trop. Je pouvais bien être venu en touriste, le centre de Londres ne me verrait pas ce jour-là.
Plutôt passer la journée dans un parc.
Dans le vert…

– La côte est à une grosse demie-heure de train…

…ou dans le bleu ?

Et puisque je n’avais vu Brighton qu’à travers Quadrophenia, c’était une opportunité que je ne pouvais décemment pas décliner…

J’aurais pourtant dû mesurer l’importance de chaque mot qu’il avait prononcé quand il m’a proposé ça. Déjà la veille, il avait évoqué une dizaine de minutes à pied pour un parcours qui aura finalement nécessité une demie-heure.
Et puis si les anglais savaient y faire en train, ça se saurait.

Le trajet a donc duré une bonne heure… Et la première demie-heure en mode RER-A-aux-heures-de-pointe a recadré ce début de dimanche rayonnant vers un jour de semaine grisatre.
La seconde demie-heure s’annoncait un peu mieux quand une possibilite de siège à même le sol s’est offerte à moi.
Elle est même devenue carrément délicieuse quand ce même sol s’est transformé en couchette avec de jolies jambes en guise d’oreiller.
Voyager dans un pays ferrovièrement du tiers-monde, ça a quelques avantages finalement…

Brighton…
Vivante, dynamique, sympathique…
Ventue, nuageuse voire carrément fraîche ce jour là…

Nous errons ainsi tous trois. De la gare jusqu’à la plage de galets. De la plage jusqu’à un verre d’Orvieto. D’une tasse de Cappucino vers un… Carnaval?!!?

Car ce court sejour estival en Novembre s’est justifié par le seul plaisir de regarder ce défilé d’un autre temps. Il aurait fallu les caméras de Strip-tease pour saisir ce carnaval improbable. Comme si le défilé et les costumes de celui de Rio avaient été confies à un mélange de trainspotters, de virtuoses et de Deschiens sans grand talent.

Mais, loin de moi l’idée de les moquer!

Car c’en était presque touchant. Cette quantité de travail et d’implication de centaines de personnes… Même si le talent et la conviction artistique n’étaient pas conviées en même temps…

Je n’oublierais notamment jamais la vision de celui que nous avons alors baptisé le « Maire de Brighton ». Trentenaire anglais trainspottien rondouillard, piercé et tatoué de partout, sans doute encore dans les effluves des pintes de la veille, et qui seul sur le bitume, se battait sans aucune grâce avec un costume fait de voiles dorés et violets, qu’il essayait d’agiter maladroitement pour reproduire je ne sais quel ballet…
Tellement subjuguant qu’aucun d’entre nous n’a eu le reflexe de le saisir en image.
Imaginez juste Spud défiler à Rio-sous-les-nuages et vous ne serez pas loin du compte…

Le retour vers Londres quelques heures plus tard s’est du coup fait avec une bonne banane malgré la météo automnale…

PS: Cette photo que je n’ai évidemment pas prise moi-même, elle déchire sa race quand même hein?

No comment