« Il est presque minuit.
Je n’arrive pas à trouver le sommeil.
Comme cela m’arrive parfois, la montagne m’obsède.
Elle vient hanter mon esprit jusqu’à ce qu’elle ait fait passer son message.
Pour la première fois depuis bien longtemps, je l’arpentais cette après-midi accompagné.
De surcroit avec une personne dont j’ignorais la réalité des ressources physiques et mentales. Une personne chère de surcroit.
Et avec ma petite chienne pour la première fois sur un long parcours. Une autre inconnue.
Et j’ai été imprudent.
Bien sûr les signes positifs étaient là.
Bien sûr la météo était favorable.
Bien sûr il ne pouvait rien arriver de fatal.
Mais j’ai pris des risques non calculés.
J’ai choisi d’avancer dans un chemin que je ne connaissais pas, équipé d’une carte insuffisament précise, sans aucun vêtement approprié en cas de météo changeante.
Nous nous sommes retrouvés à descendre la gorge d’une rivière aussi magnifiquement sauvage que totalement inconnue.
Malgré le dépassement d’elle-même, physique et mental, que la montée précédente avait déjà exigé.
Malgré le fait qu’elle m’avait confié son vertige.
Malgré le vent sifflant de plus en plus fort au creux de nos oreilles.
Malgré ces nuages noirs apparaissant derrière la crête comme pour nous pourchasser.
Juste parce-que quelque chose me disait qu’il fallait le faire.
Pour elle.
Pour qu’elle aille au-delà de ce qu’elle croyait être ses limites.
A moins que cela ne soit qu’en raison de ma lubie de ne pas faire marche-arrière?
Reste que dans cette descente, elle fut admirable.
Exécutant pas a pas un élégant ballet de bonds de rocher en rocher jusqu’à retrouver notre chemin.
Et ainsi calmant mon inquiétude de la voir flancher mentalement à un moment où, peut-être, je n’aurais rien su dire de mieux que : « Marche ou Crève!! »
Plus jamais ça Jub! Plus jamais ca!!!
Le risque, c’est la vie. Mais la roulette russe, ca ne l’est pas… »
4 Septembre 2008