Ca partait presque d’une plaisanterie.
Il y a un peu plus d’un mois, je passais devant cette affiche, et de fil en aiguille, à deux, on s’est convaincu d’ aller voir.
EUROPE…
Mes souvenirs de l’époque ne sont qu’un patchwork de clichés limpides au milieu d’un océan de confusion.
Pour autant, il me semble bien qu’Europe fut mon premier « émoi » musical.
Ou le second.
Peut-être qu’il y avait Goldman juste avant.
Ou juste après, je m’y perd… Le fameux océan de confusion…
Mais quelques années avant les Beatles en tout cas.
Il parait que ce n’est pas très « classe », mais c’est ainsi.
Et cet émoi ne dura guère plus que ces quelques mois de 1986 durant lesquels leurs singles squattaient le TOP50 de Marc Toesca.
Je n’ignorais pas que le groupe venait d’un univers Heavy Metal, mais je pensais qu’il n’avait pour autant pas survécu à la puissance fédératrice de ce tube incroyable qu’est The Final Countdown, dont tout le monde, jusqu’à la ménagère de plus de 80 ans, a au moins une fois entendu les premières notes.
Je m’étais bien un peu documenté depuis la prise des billets.
Le temps d’apprendre qu’Europe avait survécu quelques années après ce monument FM.
Qu’ils s’étaient même revenus dès 2004, drainant au-delà de ce tube trop énorme pour être acceptable, une estime critique significative.
Mais quoiqu’il en soit d’un point de vue artistique, j’allais à La Cigale ce soir-là, avant tout pour me marrer.
Pas me moquer.
Juste m’amuser quoi.
Et en espérant une chouette émotion lorsque le tube arriverait.
Tout à la fin. Puisqu’il était écrit qu’il n’arriverait qu’à la fin.
Et d’entrée, La Cigale était bouillante.
Et archi-blindée.
Une ambiance de feu dès la première partie.
Un public prêt à faire la fête quand arrivent ces cinq bonhommes anciennement très chevelus…
…égrenant d’abord une quinzaine de morceaux que je ne connais pas, mais qu’une grosse partie du public chante à tue-tête.
Car ce que j’ignorais, la tête enfoncée dans la case de la musique que j’aime, c’est qu’Europe a un public.
Fidèle et passionné.
Constitué d’autant de jeunes retraités chevelus, de ménagères de moins de cinquante ans, que d’autres bien plus jeunes que moi.
Et qu’ils connaissent toutes les chansons par coeur.
Mais alors, on m’aurait menti?
Europe ne serait pas le groupe d’un seul titre?
J’aurais dû le savoir pourtant.
A l’époque justement, je kiffais pareillement ce Rock The Night qui prit dans les charts la suite du tube monumental…
Alors, quand il est arrivé ce morceau-là, c’est aussi une émotion superbe qui m’emporta.
Par la grâce de ce tube de Hard FM, je suis revenu à mes 10 ans.
Je revoyais tout.
La baraque. La piole. Les jeux avec le frangin. Les histoires avec la frangine. Un ballon qui s’envole jusqu’à la voie ferrée adjacente. Un grenier mysterieux. Jusqu’à ce mange-disque improbable qui hurla plusieurs dizaines de fois ce fameux « Rock Now! Rock The Night! »
Surprenant et Magnifique.
Emotion euphorique.
Mais voilà que je fais un peu long.
Il y aurait bien sûr beaucoup à conter sur ce concert.
Ces musiciens impeccables. Cette musique qui, sans être ma tasse de thé habituelle, me fit bouger le corps plus qu’à l’accoutumée. Ces chansons ignorées que je m’amusais à voir en BO d’un film américain de la fin des années 80.
Mais il était dit que ce concert n’était qu’un acte d’amour.
Un acte sexuel même. Et surtout!
Et que la quinzaine de morceaux précédant Rock The Night n’était qu’un préliminaire parfait.
Et que Rock The Night n’était que la première marche conduisant à un orgasme programmé.
A cinq minutes parfaites, avec cinq musiciens parfaits, dans une Cigale toujours aussi splendide, et peuplée, ce soir-là, d’un public tout aussi superbe.
Alors, je ne pouvais franchement pas ne pas filmer et partager ça, hein?