- De quoi as-tu peur alors?
– Je ne sais pas. Je ne crois pas que cela soit de la peur à vrai dire.
- As-tu peur de te tromper?
– Certainement pas. Cela fait bien longtemps que je ne ressens plus cette peur. Car il n’y a rien qui soit fait qui ne puisse être défait.
- Certes. Cela n’empêche que je sais que l’on n’aime pas perdre son temps.
– On ne le perd jamais tout à fait. Tu ne vas pas me dire le contraire. Tout a un sens…
- Oui…
– …et en l’occurence, je n’envisage même pas l’utilisation d’une roue de secours.
Quand on est sur son chemin, on le sait.
On ne pense même pas que la vie pourrait nous faire le quitter.
Puisqu’elle a nous a fait emprunter tous ces chemins de traverses, traverser tous ces torrents tortueux, vivre toutes ces aventures absurdes pour nous conduire sur notre chemin.
Et pour qu’on le reconnaisse comme tel.
Sans l’ombre d’un doute.
- Oui, c’est ça! Mais alors, qu’est-ce qui te taraude l’esprit?
– Je ne suis pas sûr à vrai dire.
C’est bien pour cela que j’en parle avec toi…
Peut-être le poids du temps?
Du temps passé à ne pas être là où je suis enfin.
Se dire que j’aurais pu venir ici il y a presque 20 ans.
Que j’ai perdu mon temps à des choses que je savais quelque part ne pas être moi?
- Mais on ne peux savoir ce qui est soi qu’en ayant expérimenté ce qui n’est pas soi.
– Et je le sais ça…
Si j’avais commencé par expérimenter mon chemin, j’aurais ressenti le besoin, à un moment, d’expérimenter son contraire afin de savoir que mon non-chemin n’était pas mon chemin…
- Tu progresses mec!
Peut-être que ton chemin est d’écrire des bouquins de philosophie ésotérique…
– Oh ça va…
- Oui, bon, j’déconne… Alors?
– Alors quoi?
- Alors si ce n’est pas le temps passé, n’est-ce pas le temps futur?
– Oui peut-être. Impatience… Mais cela n’a pas de sens.
Rome ne s’est pas faite en un jour.
Et je sais bien qu’il n’y a pas de talent, ou même de don.
Il n’y a que de l’enthousiasme à arpenter son chemin, uniquement son chemin, saupoudré d’une grosse dose de discipline et de travail acharné.
Et peu importe la saveur des fruits qu’on finira par récolter à vrai dire…
L’impatience n’a pas de sens quand on sait que le temps n’est qu’une supercherie.
- Alors ?
– Alors, tu sais ce qui ne va pas toi?
- Oui. Évidemment. Je suis ton ange gardien tout de même. Je suis « payé » pour ça. Ah Ah Ah…
– Hé Hé…
- Et toi aussi, tu le sais désormais non?
– Oui… Oui, je le sais aussi désormais… Merci pour ça!