Conversation avec Harry #5

- Ça va toi ?
– Comme d’hab’ ! Et toi, qu’est-ce qui va pas ?
– Oh Comme d’hab’ aussi tu sais. Et pas d’intérêt à en parler à vrai dire.
– Oui comme d’hab’ quoi. Bon alors ?
– Je ne sais pas. Disons le vertige du vide quand on a l’habitude de la plénitude.
– Plénitude ?
– Oui, non, enfin, quand on n’a pas le vide quoi!
– De quel vide parles-tu ? Il n’y a ni vide ni plein tu sais. Il ne s’agit que de perceptions amusantes inventées par ton cerveau. Remember ?
– Bien sûr. C’est pour ça que je n’ai pas plus envie que ça d’en parler. Mais… Enfin, j’ai la sensation de bloquer un peu toujours sur cette notion, et de ne pas l’avoir réellement résolu en réalité…
– C’est à dire. Tu me parle de quoi là ?
– Du vide et de tout ce que nous autres humains faisons habituellement pour le remplir. Et je l’ai fait aussi. Et je sais que cela ne marche pas. Que la supercherie ne fonctionne qu’un temps. Qu’on ne se remplit pas avec les autres etc… Je le sais ça. Je le comprends, l’accepte et le revendique même. Au moins en théorie. Mais il y a encore un blocage. Et donc j’imagine, une expérience que je dois vivre. Mais je ne vois pas laquelle cela peut être.
– ‘tain. Tu progresses gamin! Continue, je vais m’allumer une clope !
– Bah merde! Tu fumes toi maintenant?
– Avec mon calbut’ en soie, c’est plus élégant la cigarette je trouve. Anyway… Donc !
– Donc quoi ?
– Donc tu veux remplir le vide avec quoi? Ou avec qui cette fois ?
– Bah personne en particulier!
– Personne en vue ?
– Non ! Horizon dégagé…
– Tu sais qu’à moi, tu ne peux pas vraiment raconter de conneries… Donc ?
– Non, vraiment…
– Personne en particulier mais quelques unes en général, on va dire alors non ?
– Admettons… Mais où veux-tu en venir ?
– Tu n’as plus l’envie de chercher mais t’aimerais encore que l’on te trouve.
– …
– Et du coup, quand rien ne se passe, quand tu n’as plus de distractions, tu t’inquiètes que toujours personne n’ait finit par te trouver.
– …
– Hé Hé…
– Putain, t’es puissant toi !
– Des vies d’expérience gamin! Bon, au boulot maintenant, et arrête de penser à des conneries. Ou médite un coup quand c’est le cas. Faut qu’j’te laisse, j’ai une partie de Poker à terminer…