L’adolescence s’accompagne souvent d’une profonde recherche identitaire. On cherche à être quelqu’un d’autre parce-qu’on a honte d’être soi. Parce-que l’on trouve ce soi trop minable. Mais plutôt que se façonner son propre masque comme le fera l’adulte, on cherche à copier celui de son voisin ou de sa voisine (« sa meilleure amie »), ou de n’importe quelle vedette à deux balles pas trop mal gaulée.
Cela conduira aussi à faire n’importe quoi pour plaire au Kevin ou à la Kevina du quartier. Et souvent, plutôt que de faire ce qui plairait à l’autre (mode dépendance affective de l’adulte), l’ado va imiter celui à qui il veut plaire. Si il se marre en matant les Simpsons, je me tape toute la serie pour rire des mêmes blagues que lui. Si il porte des T-Shirts Metallica, j’achète aussi tous leurs albums, et je porte discrètement un badge du groupe… On imite sa cible en croyant que ce miroir mal foutu attirera l’autre. On pré-suppose sans doute le narcissisme de tout un chacun, en choisissant de lui renvoyer une image déformée de son soi, plutôt que de prendre le risque que le moi veritable ne plaise pas…
Tout cela est, au pire, triste à l’adolescence. Mais cela fait partie de la recherche identitaire. Et les bons coups de rateau que l’on se prendra alors, aideront à la construction de soi.
Il m’arrive toutefois d’encore observer ce comportement adolescent parmi de jeunes trentenaires. D’y être confronté même comme le Kevin du coin, cible a séduire…
Et sans que je sache bien expliquer pourquoi, je n’arrive même pas à juger cela pathétique quand cela se produit à cet âge supposé adulte. Cela m’énerve et m’agace profondemment. C’en est insupportable à un point que je deviens d’une froideur glaciale, et que si cela ne suffit pas pour la faire cesser, cette personne ne me reverra plus.
Je n’ai évidemment aucun intérêt à cotoyer quelqu’un portant une mauvaise copie, à objectif flatteur, d’un de mes masques. Pourtant, je sais qu’un tel comportement révèle un vide et une souffrance profonde. Et j’ai généralement de l’empathie pour ces souffrances. Ou peut-être crois-je que j’en ai souvent, quand cela est finalement limité a quelques âmes importantes pour moi?
Quoiqu’il en soit, malgré la connaissance de cette souffrance maquillée, j’ai juste envie de… retourner une bonne grosse paire de baffes à la personne en question, tout en lui hurlant à la gueule un « GET A LIFE! » strident, déboulant du fond de mes entrailles… Rien que m’imaginer le faire me soulage,tiens!
Un jour, inévitablement, je serai célèbre (NDLR: pas forcément vrai, mais j’avais envie de l’écrire…), et j’aurai mon stock de groupies que je fouraillerai allègrement à l’arrière d’un minibus immatriculé dans l’Oise. Mais ces groupies, malgré tous leurs efforts, malgré leur prétendue certitude de me connaître parce-qu’elles m’ont lu, vu, entendu, ne verront rien de plus que le bout de ma queue…
Ce qui m’intéresse c’est l’être, pas le maquillage. Et encore moins quand ce maquillage est pris à un ou une autre, voire à moi-même… Quand bien même ce serait pour me plaire…
NB: merci à Aldebert, bisontin comme moi, d’avoir un jour utilisé ce terme d’adulescent. Il sied si bien à notre génération…