De la sincérité superficielle

Elle avait la fidélité instable.
Même si elle n’a jamais techniquement trompé ceux qu’elle disait aimer.

Simplement, une relation ne pouvait avoir pour elle que la saveur de la nouveauté.
L’autre n’était qu’un objet à acquérir et à consommer.
Jusqu’à en être rassasiée.
Jusqu’à en être écoeurée.

Alors, elles les mettait de côté.
Au cas où.
Comme tous ces objets qu’elle accumulait dans ses armoires.

Et comme ces individus
Qui savaient obtenir le meilleur prix sur un marché,
Elle aussi savait user de son charme
Et acquérir n’importe quel amour,
N’importe quelle amitié.

Elle n’avait pas de mauvaises intentions pourtant.
Elle ne cherchait pas à leur dérober des biens, un service ou même de l’argent.
Mais sa drogue à elle, c’était les autres.
Et il lui en fallait toujours d’autres.

Sa manipulation n’était pas consciente.
Elle n’a jamais compris que c’était sa façon à elle
D’anesthésier sa souffrance
Et qu’ainsi, elle trompait l’ennui de ce pour quoi elle avait été choisi.

Alors quand elle les jetait,
Elle entendait leur déception
Elle entendait quelque fois leur colère.
Jusqu’à parfois même subir leur violence.

Ils avaient voulu croire à la profondeur de cet ersatz d’intimité qu’elle savait créer.

Et elle n’aurait su leur expliquer que sa sincérité à elle était superficielle.

2 comments to De la sincérité superficielle

  • A sa façon de consommer et de jeter les autres comme si elle cherchait désespérément quelque chose, on peut se demander si elle n’avait peur d’aimer et d’être rejetée. Peut-être avait-elle besoin d’être rassurée sur sa capacité à plaire ? Et cherchait chez les autres ce qu’elle aurait dû chercher en elle-même ?

  • Jub

    C’est tout à fait cela oui.
    Chercher à se voir à travers le regard des autres plutôt que se regarder à travers soi.