Comme dans un film, il a respiré bruyamment.
Comme si il devait annoncer une nouvelle déplaisante.
Puis il a retiré ses lunettes.
Il avait certes la vue du cinquantenaire rondouillard qu’il était.
Mais il aurait tout autant pu les garder.
Peut-être que le cinéma lui avait fait croire que le lâcher de lunettes était gage de sincérité?
Il n’y a pas de traitement pour ce que tu as, tu sais
Il le tutoyait bien sûr.
Il considérait le vouvoiement comme une déférence désuète.
Et il ne se résolvait à l’adopter que quand il soignait quelques unes de ces vieilles veuves fanées.
C’est si grave que ça? demanda automatiquement le jeune homme qui avait tué dans l’œuf l’idée d’un C’est-grave-docteur pathétique.
Je n’ai pas dit ça.
Il y a un traitement bien sûr.
Mais je ne peux pas te le prescrire…
Le silence qui suivit ces mots ne dura que les quelques secondes qu’il fallut au jeune homme pour faire le tour de prescriptions parallèles potentielles.
Le médecin ne cherchait pas vraiment ses mots…
…pas plus qu’un effet de style destiné a renforcer son message.
Il se demandait juste si c’était bien son rôle à lui de lui dire ça…
Tu as besoin d’amour.
Ou plutôt de tendresse.
Un homme ne peut pas vivre sans tendresse.
Tendressite aigüe ? Nous sommes nombreux à en être atteints. C’est sûrement contagieux, voire pandémique ;-)))
Sans rire, le sujet est grave et méritait ce billet, sympa le toubib !
Sommes nous tous atteints, ou sommes nous tous aveugles devant des tas de signes de tendresse que nous ne voyons pas ou plus, ou sommes nous tous devenus des êtres tellement assoiffés qu’un sourire, une caresse ne nous suffit pas… ou alors c’est le contraire, quand la tendressite aigüe (j’aime bien la formule) est trop forte, on se satisfait du sourire d’un inconnu, de l’accueil chaleureux dans une boutique, du coup de téléphone hebdomadaire de lui….
@angelina
Je cherchais aussi un terme pathologique. Tendressoïte ? Tendressite aïgue ? Ou quelque chose dans le genre.
@zinzin29
Je crois que c’est un fait que notre civilisation nous amène à être plus individualiste, et ainsi plus solitaire.
Et je crois que cela est globalement positif dans la mesure où cela amène chacun à se demander ce dont il a envie, et comprendre ce dont il a besoin, plutôt qu’à s’habiller avec les envies des autres.
Et cela permet ainsi de constater que l’on a parfois besoin de cette chaleur, de cette tendresse.
Ou que pour le moins le corps et l’esprit mettent beaucoup de temps à s’accoutumer à son absence.
Et bien sûr, ce n’est pas quelque chose qui se mesure
Le sourire, le mot réconfortant ou la caresse d’une personne particulière peut avoir un effet bien plus durable que la sollicitude de dizaines d’autres bienveillantes.