Gobi

37 minutes pour un texte…
Plus qu’il n’en faut, mais si j’allais d’abord faire un tour?
Une fête, un verre, une crotte ou des cordes?

Peu importe, quelque chose pour avancer de quelques instants.

C’est effrayant le temps qu’on perd.
Et fascinant de s’apercevoir qu’on a besoin d’en perde.
Qu’on ne peut pas tout planifier, tout prévoir.
Cette demie-heure serait-elle aussi séduisante si elle était calée entre deux contraintes?
Ou n’est elle pas finalement aussi efficace qu’imprévisible?

Peut-être qu’il faut que je fasse une pause dans ma pause?
Et puis dériver encore un peu plus loin même, quand j’atteindrai les toilettes…

[Pause]

Me voici assis sur le trône.
Le miroir noir entre les doigts, quelques distractions inutiles s’approchent de mon esprit.

Viens donc me titiller le bouton mon joli.
Une belote entre amis inconnus ?
Un jeu de mots avec sa grand-mère ?
Une bataille lexicale entre équipes à bon marché ?

J’ai tout ce que tu peux espérer imaginer.
Je peux même t’envoyer un moineau dans la face, c’est peu dire.

[Pause]

C’est mignon un abricot. Excusez ce constat inutile, mais ai-je l’endurance d’une telle improvisation littéraire?
Ceci étant écrit, je vous confierai aussi que cela peut être particulièrement juteux?
Ennuyeux pour un clavier d’ailleurs…

Pour avoir repris le contrôle de mon esprit, le focalisant par les doigts à une tâche sans utilité particulière, je me retrouve désormais quelque peu démuni.

A quoi pourrais-je bien l’occuper désormais? Vers quelle idée saugrenue?

Une autre femme à épouser?
De l’étrangeté d’une vie avec un niard?
Du malheur de l’homme et de son désir inextricable et insatiable?
De l’utilisation assez faiblarde de ma créativité?
De tous ces réflexes, accumulées depuis ces décennies, et dont je ne me débarrasse jamais vraiment?

Ce dernier point semble séduire mon esprit. Il s’éveille, et ordonne à mes doigts de se tenir prêt.
Il a des points assez fascinants à partager avec le monde.
De ceux qui immanquablement démontrerons sa supériorité sur tous les médiocres qui auront daigné lire jusque là (Sérieusement, il y a encore quelqu’un?).

Voyez-vous dit-il (oui, mon esprit me vouvoie, ça permet de garder une distance), je vous ordonne d’aller vérifier l’état du marché des transferts de joueur de foot.
Et pourtant, je m’en moque éperdument. Une partie de moi aimerait même pouvoir le revendiquer comme un sujet qui ne l’intéresse plus.
Mais le réflexe parait trop fort, et j’accumule alors des souvenirs inutiles de joueurs vite oubliés et de leurs minables confidences sur leur carrière…

Il en est ainsi de l’activité politique d’ailleurs. Je lis tout ce qui se dit, sans parvenir à vraiment accepter les opinions contraires à celle que j’ai choisi d’avoir…

Ah tiens, mon esprit a lâché. Il a eu un besoin de Command/Tab pour s’alimenter d’autres choses.

Faut dire que ce morceau ne l’aide pas beaucoup. Qu’est-ce donc d’ailleurs se demande-t’il?
Faut-il que tu me tortures encore ainsi très longtemps?
J’ai bien envie de me relâcher, et d’aller me déconcentrer ailleurs.
J’ai envie de me toucher, de faire des calculs, de gratter des instruments.
J’ai bien envie aussi de construire des trucs un peu plus pérennes, mais c’est surtout l’idée qui me séduit.
Je sais bien qu’au bout de quelques heures, je serai déjà las.

….
- On fait quoi maintenant?
– Bah racontes-nous une histoire
– Une histoire de quoi?
– Peu importe, on s’en accommodera
– Tu ne crois pas que ça risque d’ennuyer un peu les gens.
– De quels gens parle-tu? Et puis Internet n’est que ce réceptacle permanent de la pensée humaine. Comme un confessionnal à ciel ouvert. Tout y est ennui et #OSEF. Alors, nous aussi, on a bien le droit!
– OK, je commence alors….
….

Ce serait l’histoire d’un coureur du Tour de France. Pas très original, mais vu que tout le monde en parle en ce moment, on a qu’à essayer d’imaginer à quoi cela peut ressembler.
Bon, évacuons le dopage, sinon on va tomber dans les clichés.
Bon, alors mon coureur, ce serait un gars lambda. Un mec que tout le monde aura oublié après sa carrière.
Lui il ne gagnera jamais rien. Il est juste là pour rouler. Enfin aider les autres coureurs, son leader etc…
Bon alors, j’ai jamais trop compris comment on peut aider un coureur, donc du coup, on peut peut-être imaginer des trucs. Je ne sais pas.
Peut-être que ce coureur, il raconte ce qu’il se passe sur Internet à ceux qui sont au top. Juste pour qu’il n’ait pas besoin d’aller sur Facebook pendant la course?
Ou peut-être qu’ils se font des petits massages dans le peloton. Genre, les moins bons touchent le bassin des champions?
Ou peut-être qu’ils s’occupent de répondre aux mails des champions, et que…

– Mon ami, je vais t’arrêter là. Cette expérience est suffisamment intéressante en soi.

Donc, si j’occupes mon esprit assez longtemps, il apparait clairement qu’il n’a pas grand chose d’intéressant à partager.
Peut-être quelque fulgurances ici ou là, mais son état normal est de ne avoir rien d’intéressant à penser.

Donc esprit, la plupart du temps, tu devrais dormir. Comme une grosse merde que tu es.
Car vois-tu, la plupart de ce que tu racontes est chiant.

Reposes-toi donc pleinement pour que les quelques pensées utiles qui te traverseront soient encore plus brillantes!

...et Aussi

No comment