Et puis, je me suis décidé à l’appeler.
Je n’avais pas de raison particulière.
Mais je n’en avais pas plus de ne pas le faire.
Ce n’était qu’un coup de fil accidentel finalement.
Presque inconscient.
Ne comprenez pas que j’obéissais aux ordres de mon subconscient.
Comprenez plutôt que c’était comme si je n’étais pas pleinement conscient que j’appelais.
Comme une démangeaison que l’on gratte sans réellement y prêter attention.
Il a rapidement demandé ce qu’il en était de mon travail.
Si j’en avais repris un peu.
Vous savez… De ces activités qui n’ont pour seule importance que l’argent qu’on en récupère en échange.
Je lui ai dit de but en blanc, sans effet d’annonce particulier, que j’y avais renoncé pour le moment.
Que tout bien réfléchi, je n’en avais pas envie.
Aucun enthousiasme à en reprendre, quelque soit les masses de ces devises que l’on me promettrait en échange.
Mon temps est de bien trop précieux, et donc couteux, pour que quiconque puisse me l’acheter pour une activité futile en ce moment.
Il s’est donc ensuite enquis de mes récentes pérégrinations.
Sans doute pensait-il alors que si je n’avais pas repris un peu de travail, c’est que j’avais dû choisir de me promener ici ou là.
Comme il se fait par ici en général.
Après tout, on travaille pour pouvoir voyager n’est-ce pas?
Je lui ai répondu que non.
Que j’étais juste resté ce mois dernier entre les remparts périphériques de ma ville préférée.
Passant avec elle du soleil d’été à celui de l’hiver.
Sa question suivante fut quelque chose comme «Qu’est-ce que tu fais alors?»
Elle aurait pu aussi bien être «Je donne ma langue au chat. J’ai renoncé à chercher un sujet de conversation.»
Et le plus simplement du monde, je lui annonçai à quoi j’occupais, avec joie, sérénité et énergie, l’essentiel de mes journées.
Sans doute n’en avions nous jamais parlé réellement avant.
C’est en tout cas la raison pour laquelle je m’attendais à quelques questions subsidiaires.
Je n’espérais pour autant aucune espèce enthousiasme pour cette nouveauté.
Je n’ai pas besoin de celui des autres pour valider mes choix.
Le mien est amplement suffisant.
Je songe d’ailleurs que si l’on en a besoin, c’est probablement que l’on fait fausse route, n’est-ce pas?
Quoiqu’il en soit, il n’y eut rien d’autre que le silence.
Peut-être meublé d’un «OK».
Ou d’un «Hum Hum».
Ou d’un hochement de tête affirmatif que j’entendais à défaut de pouvoir le voir.
Était-il atterré ou n’avait-il pas réellement entendu ce que je disais, se contentant alors de relayer légèrement mes mots pour m’intimer de continuer?
Peu importe…
Après quelques secondes, je le relayais en lui demandant à mon tour de me raconter son travail et ses pérégrinations.
Est-ce que cela lui faisait plaisir que je le lui demande?
Sans doute pas particulièrement.
C’était juste un usage.
Un de ceux que je continue à respecter.
Les chiens se reniflent les culs.
Les hommes s’échangent des banalités.
Ce serait aisé de croire que c’est pathétique, mais ce n’est qu’un code de reconnaissance.
Après avoir raccroché, je m’interrogeai sincèrement sur mes émotions ressenties au cœur de cette conversation…
Suis-je triste? Fâché? Peiné par son manque d’intérêt?
Pas le moins du monde!
Suis-je à l’opposé satisfait de disposer d’une preuve de son manque d’intérêt?
Pas plus!
C’est ainsi.
Ce n’est ni triste ni bienheureux.
C’est!
Et il n’y a rien à en penser!
Puisque, qu’il s’agisse de nos parents, de nos amis ou de nos collègues, leur opinion sur nos vies n’est qu’une distraction plus ou moins intéressante, plus ou moins utile sur notre chemin.
La seule opinion qui compte sur la vie que je mène est la mienne.
Uniquement la mienne.
tu as peut être raison de penser que la seule opinion qui compte c’est la tienne…. mais,pour avoir cette pensée, ne faut il pas vivre sur une ile déserte,
@zinzin29
Je ne crois pas non.
Il suffit de les appréhender pour ce qu’elles sont: Des opinions!
C’est à dire des mots. Ou des pensées quand elles ne sont pas exprimées.
Selon leur pertinence ou leur violence, selon la « force » (le terme n’est pas tout à fait adéquat mais je n’en trouve pas de meilleur) que l’on a acquise, elles nous touchent plus ou moins.
Si nous sommes un arbre, les opinions sont comme le vent. Elles peuvent parfois aller jusqu’à nous faire plier. Et si l’on est mal planté, ou implanté là où il ne faut pas, il en est même qui peuvent nous mettre définitivement en bas.
Mais comme pour les arbres bien implantés, il arrive un stade de l’évolution ou l’on ne considère plus le vent. Le vent n’est plus ni positif, ni négatif. Il est. Il n’est ni admirable, ni méprisable. Il est!
Il vit sa vie de vent comme l’arbre vit sa vie d’arbre…
Je ne peux empêcher les autres d’avoir des opinions qui peuvent me « concerner » de la même façon que je ne peux tout à fait m’empêcher d’avoir une opinion sur d’autres.
Mais ce n’est qu’une opinion. Des mots. Des pensées. Des distractions.
Que surtout les autres ne prennent jamais en compte les miennes qui les concerneraient!
Je ne suis pas sûr de savoir où je suis arrivé avec cette réponse, mais je suis sûr que tu vois ce que je veux dire.
puisque nous nous co-naissons, peut-être aurions-nous aimé que la rencontre ait lieu ? qu’elle ne se fasse pas nous laisse bras ballants, avec l’arrière-goût d’avoir manqué quelque chose ? de ne pas avoir vu ? …et perso d’avoir espéré malgré tout. Pas pour un acquiescement, juste quelqu’un qui me dise, avec ou sans mots : « qui que tu sois, à mes yeux tu existes et tu m’es précieux, inconditionnellement »(je t’entends dire : »faute de savoir l’être à toi-même? », hum, oui sans doute, ou oui et pas seulement). Même l’arbre qui se déploie a besoin de la lumière! non ?
l’arbre qui se déploie a besoin de la lumière certes, comme dit dnal, mais l’arbre qui se déploie, doit se déployer en faisant attention à l’arbre d’a côté, il prend sa place en fonction des autres, à moins d’être un arbre seul, au milieu d’une ile déserte. Mais, tu as sans doute raison, et je vais essayer d’appliquer ce que tu écris, peu m’importe ce que pense les autres, c’est ma décision, et comme dirait le danseur de tango, c’est ma vie
@dnal
Dans certains cas, peut-être que cette absence de rencontre est un manque, un vide qu’il nous aurait fallu combler, et que l’on n’a pu se résoudre à combler pour diverses raisons.
Et alors, on en conservera longtemps cette sensation de manque comme la conviction de quelque chose qui aurait dû être et qui n’a pas été. Jusqu’au jour où l’on se décide à faire de ce qui aurait dû être fait.
Et dans d’autres cas, on a pu se convaincre très longtemps qu’il fallait que cette rencontre ait lieu, qu’il fallait tout faire pour. Provoquer des occasions, chercher des consensus au prix de compromis parfois un peu compromettants etc… Et dans ces cas, la difficulté est peut-être d’accepter que la rencontre n’a pas à avoir lieu. Quelque soit la relation que l’on a avec cette autre, ces compromis n’ont pas à être fait. Qu’il n’y a pas à rejeter l’autre, mais à just le laisser être. Que peut-être le défi était d’accepter que la relation s’était terminée. Temporairement ou définitivement. Que c’était ainsi et qu’il n’y avait aucun ressentiment ou aucune fierté à avoir.
S’agissant de la seconde partie, je ne me suis pas entendu dire « faute de savoir l’être à toi-même? » mais c’est vrai que ça sonne bien!
Enfin concernant la métaphore de l’arbre, je m’en vais l’abattre de ce pas.
Et promis, demain j’arrête les métaphores!
@zinzin29
Dans mon propos, il n’y a pas l’idée que je ne prenne pas en compte la vie (l’avis?) des autres.
C’est bien la limite de la métaphore de l’arbre s’agissant d’un être humain. Il peut bouger, à tous les sens du terme. Comprendre qu’il peut évoluer. Il peut changer. Il peut tout être si il le décide.
Mais pour revenir, au sujet qui est l’opinion des « autres », supposés proches ou non, ce ne sont que des données météorologiques (« tain Jub, arrête avec tes métaphores à 2 balles!).
Ainsi, on peut aussi choisir de ne vivre qu’entourés d’opinions ensoleillées, le premier orage risque alors de nous apparaitre bien douloureux. Il faut accepter de se confronter à toutes les opinions, mais sans jamais oublier, qu’elles soient douces, réconfortantes, encourageantes, neutres, critiques, agressives etc… qu’elles ne sont que des opinions, et qu’au final nous seuls décidons de les considérer agréables ou douloureuses.
Par extension même, on pourrait aller jusqu’à considérer que l’opinion que l’on a de soi-même est sans grande importance… Mais je n’en suis pas encore là!
Tu as trouvé le vrai sens du mot liberté. Je suis heureuse d’avoir, par le hasard d’un clic sur un commentaire, d’avoir pu lire ce texte.
@jub
je t’entends je te suis. Et la petite voix (no compromis elle non plus!) qui me dit : que diras-tu à ton fils ?
Debout oui ! mais pas toujours si-grand si-droit si-sûr hein !
ariaga a vu juste, c’est la liberté totale
@ariaga
Merci du passage et du commentaire!
@dnal
Si la question de la petite voix s’adressait à moi, je lui répondrais que les questions au futur m’intéressent de moins en moins.
@zinzin29
Oui. Mais il reste toujours à retranscrire le bonheur de la compréhension « théorique » dans sa mise en pratique quotidienne. C’est un boulot à plein temps!