Il était assis dans le coin de ce bar faussement populaire.
Il avait sous les doigts un clavier.
Si il le massait frénétiquement, ce n’était pas vraiment parce-qu’il avait une montée d’inspiration.
Car il n’avait rien su écrire ce jour-là.
Mais dans la civilisation où il résidait, la solitude était une maladie.
Et il était même certain lieu, où il ne faisait pas bon apparaitre seul.
Cela mettait les autres mal à l’aise.
S’il ne s’était trouvé encore personne pour inventer une loi l’interdisant,
C’est qu’en pratique, elle restait dispensable.
Les solitaires avaient bien compris que leur attitude inconfortait.
Et puisqu’ils étaient ceux qu’ils étaient, cela leur allait bien ainsi en réalité.
Ce jour-là, il était donc sorti déguisé en écrivain de quartier.
Les autres n’avaient ainsi pas à se demander
s’il était donc un de ces curieux solitaires, évoqués parfois dans les médias…
Puisqu’il faisait quelque chose.
Et il pouvait ainsi discrètement trouver
ce qu’il était venu chercher.
Laisser son esprit observer
La surface des conversations des autres.
Il en avait besoin.
Tout solitaire qu’il était, il avait besoin de savoir de quoi ses semblables se préoccupaient.
Et il n’avait pas l’arrogance de croire que ce dont ils parlaient, était ce qui les préoccupait en réalité.
Mais il croyait aussi que ces mots légers et désinhibés renseignaient sur l’étendu du potentiel d’un être…