Les Chroniques de Zurich

J’aurais dû me douter que quelque chose avait changé. Sentir une curieuse humidité collante sur l’arrière de sa cuisse quand on s’assoit sur la lunette d’un WC Suisse… Forcément, quelque chose ne tournait pas rond…

Au début, je ne me suis pas mefié… 20 CHF pour se garer sur un terrain vague, vaguement proche de l’aéroport de Zurich, c’était à la limite du raisonnable si j’étais venu prendre un avion. Mais j’étais venu voir un match dans un stade à 1h de transport de là… Hum… Se garer à Orly-sud pour aller voir un match au Stade de France, cela me semblerait constituer une raison valable pour que des visiteurs étrangers nous traitent d' »enculés de français », voire qu’un visiteur de province sortent un « parigot, tête de veau »…

Alors, se faire taxer ces 20 CHF au pays de la devise, finalement je trouvais ça rassurant.

Quand on nous a parqué dans des tramways des années trente, dont personne n’avait semble-t’il jugé souhaitable d’augmenter la fréquence de passage pour contenir le flux de ces 30 000 gais-lurons…
Quand les autochtones regardaient étrangement, avec un léger rictus de dégoût, ces quelques bleus braillard, comme sortis d’une autre planète…
J’avoue, j’ai pensé… Hum… Mes amis Zurichois ne seraient-ils pas plus motivés par mes devises que par le plaisir de nous faire plaisir ?

Mais je faisais fausse route en réalité. Car ils m’ont plusieurs fois fait comprendre qu’ils ne voulaient ni de mes Euros, ni de ma Mastercard-sponsor-officiel… Intéressés par la devise peut-être, mais uniquement la leur, ce merveilleux franc suisse en papier remaché…

Et puis, quand arrivé à proximité de ce petit stade de campagne, j’ai subi des files d’attente comme jamais… A l’entrée du stade, devant les chiottes du stade, devant la moindre boutique à bières du stade, j’ai cru comprendre…

Peut-être que nos amis zurichois préfèreraient qu’on s’en aille en fait? Peut-être qu’on dérange la vie merveilleuse du Truman-Zurich Show ?

A moins que… Car enfin, c’est là que j’ai paniqué, c’est là que l’angoisse m’a étouffé…. « Diantre, les Suisses ne seraient-ils donc plus des gens organisés ? »

Oh mon dieu, mais si les Suisses deviennent bordeliques, risquons-nous, nous Français, de ne plus jamais gueuler contre qui ou quoi que ce soit ?

Fort heureusement, mes collègues supporters bleus m’ont vite rassuré en insultant proprement et promptement, au choix un arbitre incompetent (« enculé d’espinguoin de mes deux »), ou des joueurs français fainéants (« Putain, mais Malouda, il en branle pas une ce con! »).

Heureusement, les Français sont éternels… C’est propre, c’est net, c’est silencieux, y a pas de fumée, c’est un Français!

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