Out or In

Je ne me souviens plus de tout.
Non pas que j’ai oublié.
J’ai beaucoup bu hier soir certes.
Mais c’est avant tout parce-que je me réveille à peine.

Non, je n’ai pas mal à la tête.
Ma bouche est un peu pateuse peut-être.
Mais ce n’est pas tant dû l’alcool qu’au chauffage sec de ma chambre.
Je devais aller passer la journée dans mon bureau en province aujourd’hui.
Et puis finalement non.

Hier soir, vers 2h, je me souviens avoir annuler mes billets.
Mieux vaut dormir que commater dans une banlieue de banlieue.
Et puis, après tout, c’est de leur responsabilité aussi.
A la base , c’était bien une soirée professionelle.

Je me souviens du chauffeur de taxi en rentrant.
Il n’aimait pas Kouchner.
Et puis, il n’aimait pas aller en banlieue la nuit.
« Nous nous savons ce que c’est mossieu! »

Je me souviens avoir marché dans la rue avant de le trouver.
Des Champs jusqu’à Saint-Augustin.
Avec les deux derniers mohicans de mes collègues.
A raconter des conneries sur je ne sais plus trop quoi.

Je me souviens de ce bar/boite un peu glauque sur les Champs.
Le Montecristo m’a-t’on dit après qu’il m’ait dépouillé de deux dizaines d’euros.
Mon corps qui ondule au rythme de je-ne-sais-quel madonne de mika.
Moon walking. Knee Dancing.

Je me souviens qu’avant cela, nous avions essayé de rentrer dans les soirées privés des alentours.
Pour remettre ça.
Chez Régine. Au Queens.
On était au taquet.

Je me souviens avoir remonté les Champs depuis le Petit Palais.
Manger des macarons provenant d’un semblant de marché de Nöel.
Déconner sur cette crise absurde.
Plaisanter sur l’ennui mortel de la vie le soir dans cette province où je devais aller aujourd’hui.

Et surtout, je me souviens comme on s’est marré en entrant par hasard dans ce mini palais.
Ce lieu où une entreprise aussi sérieuse et respectable que la notre organisait une manifestation…
Aussi guindée et coincée que celle que notre employeur avait proposé en début de soirée.

Je me souviens m’être mordu la langue pour ne pas éclater de rire en donnant mon nom et celui de ma boite à cette jolie réceptionniste.
Feignant la surprise de ne pas avoir été inscrit sur la liste des invités…
Je me souviens de plusieurs verres de champagne et autres petits fours faisant suite à d’autres excès du début de soirée.

Tout cela était délicieusement superficiel.
Tout cela était incroyablement léger.
Et le plus agréable était que, même alcoolisé, j’en étais bien conscient.
Même en racontant trois conneries à la minute, je savais que cette intimité était aussi soudaine que futile.

Il n’y avait là rien d’autre qu’une bande de « jeunes » s’échappant un peu de l’absurdité de la vie, à travers ces plaisanteries potaches à l’eau de vie.

Et le fait de l’accepter ainsi et sans désarroi est probablement signe de maturité…

Ou de renoncement ?

...et Aussi

No comment