Quand l’homme bizarre s’évada…

Elle avait donc été arrêtée il y a quelques années, mais ne s’en apercevait que maintenant.
« Diantre! Mais c’est donc bien des menottes que j’ai là! »

Elle a d’abord décidé de faire comme tout le monde.
Puisque tout le monde était menotté, comme elle l’avait aussi découvert.
« Ah… Bon, et bien, je vais jouer avec les autres alors… »

Mais personne ne jouait avec elle.
Le truc dans cette geôle, c’était de se convaincre que l’on jouait.
Mais ce jeu était bien solitaire.
« Mais c’est horrible!! Quitte à jouer tout seul, autant nous masturber allègrement plutôt qu’avec ces occupations stupides! » se dit-elle

Et puis cet homme est passé.
Il était curieux bien sûr.
Pas comme les autres.
« Et il porte joliment les menottes » pensa-t’elle avec un sourire espiègle

« J’ai un plan » lui souffla-t’il dans un sourire désabusé
« Ne le dis à personne. Mais au printemps, pour moi, c’est la quille! J’me tire d’ici! »

Elle resta stoïque devant cette confidence improbable.
Cet homme devait être fou.
Pour sûr…
Tout le monde le lui avait bien dit par ici.
Dehors, c’est la crise!
La guerre même qu’ils disaient.
La tempête avait baisé avec le choléra, et ça n’augurait rien de bon…
Des frémissements apocalyptiques avaient été entendu par le beau-frère du policier réceptionniste…
« Ne penses même pas à sortir d’ici. L’herbe est polluée dehors… Dehors… Dehors, c’est le néant d’air total »

Alors, elle a d’abord tenté d’oublier les quelques mots dissonants de cet être étrange.
Après tout, sans doute n’était-ce pas des menottes qu’elle portait là.
Probablement plutôt l’un de ces jolis bracelets que sa mère lui avait promis que lomdesavi qu’elle ne manquerait pas d’épouser lui offrirait.
Ou peut-être même lui avait déjà offert…
Même si elle ne se souvenait pas avoir épousé de prétendant.
Ni même avoir prétendu avoir un amant entre temps…

Alors , les jours passant, elle finit par repenser à l’homme bizarre évidemment.
Il fallait qu’elle lui parle.
Quoi qu’il lui en coûte.
Après tout, peut-être que c’était lui qui lui avait offert son bracelet-menotte puisqu’elle ne souvenait plus très bien de tout et de rien…

Et elle le retrouva vite.
Car depuis qu’il l’avait croisé, il attendait qu’elle revienne.
« Femme à menottes, tête de linotte, n’as-tu donc pas compris que ceci est un jeu?
Notre jeu à tous.
Et notre première épreuve, c’est de sortir d’ici.
Mais… Chuuuut…
Ne le dis pas encore aux autres.
Ils dorment toujours.
Laisse les se réveiller d’eux mêmes »

Il l’embrassa parce-qu’elle en avait envie.
Puis il s’évapora au-delà des murs…
Elle dégusta ce baiser, mais se dit aussi qu’elle avait dû le rêver…

Car ce n’était pas possible. L’homme bizarre n’avait pas de menottes…