Il faut sans doute aimer se dépenser pour marcher prés de trente kilomètres entre deux points parfaitement accessibles à l’aide de n’importe quel véhicule terrestre à moteur.
Il faut sans doute aimer en suer pour le faire sous un soleil de plomb que quelques arbres ont tout de même eu la bonne idée de contenir de temps à autre.
Cela s’approche pourtant du masochisme quand on y ajoute 1700 mètres de dénivelé positif, consécutif à un trajet de TGV à peu près aussi long que la nuit qui le précédait…
Peut-être même du sadisme d’avoir de surcroit forcé une petite chienne d’amour, 5kg tout mouillée, à m’accompagner dans ce périple insensé.
Ne saurais-je donc apprécier la montagne que comme un terrain de jeu extrême?
Suis-je pleinement sensible à sa beauté effrayante et apaisante, au-delà des quelques regards furtifs que je lui accorde en la parcourant ainsi?
(Mal)Heureusement, un petit accident est arrivé.
La petite chienne, aussi impressionnante qu’un Contador canin tout au long du parcours, a terminé
avec plusieurs coussinets de pattes déchirés.
Seul, malgré la fatigue physique d’une premier journée trop intense, je serais encore allé puiser un peu plus loin dans les réserves.
Comme si il fallait que j’en fasse toujours plus qu’un parcours jugé normal…
Par la faute grâce de cet incident, j’ai dû m’arrêter et me poser pendant deux jours.
Au cours de cette journée, m’est venu cette réflexion que mes expéditions en montagne sont des révélateurs de l’état de mon mental.
En Chartreuse, apeuré quotidiennement, doutant en chaque instant de ma capacité à terminer chaque journée, je finis l’expédition presque les larmes aux yeux « de l’avoir fait ».
En Vanoise, beaucoup plus sûr de ma force, je persiste dans cette étrange habitude consistant à faire en une journée ce qu’un randonneur moyen ferait en 2. Quelques montées d’angoisse sont encore là néanmoins lors des passages les plus délicats.
Autour d’Emosson, je touche déjà à ma stupidité d’en faire toujours plus même quand je ne suis pas seul.
Au cours de cette journée en Bauges, pourtant physiquement touché par la chaleur, mon mental tient sans alerte.
Je note tout d’abord, auto-satisfait, ce progrès, jusqu’à ce que ses pattes meurtris me rappellent a l’ordre…
Mais Trou du Cul, pourquoi fais-tu cela?
Spécifications techniques
Aix-les-Bains TGV (250m) – Le Chatelard (750m)
Via Le Revard, Refuge de la Plate, Le Champ, Lescheraines et Villaret Rouge
Temps de parcours : 9h
Dénivelé positif : 1700m
Distance: ~30km
NB: Peu de point d’eau sur la première moitié du parcours. Par grosse chaleur, prévoir au moins 2l par personne au départ d’Aix!
Je ne sais pas pourquoi on a besoin d’aller au bout de soi, mais bravo pour la performance de ta petite chienne mignonne, j’espère qu’elle va bien !
Beau billet, on sent toute l’impression que de telle évasion procure ! ça respire, ça vit, j’aime.
@angelina
Elle a déjà récupéré la pleine possession de sa folie habituelle.
Et d’ici une semaine, on y verra plus rien sur les coussinets!
@eipho
C’est vrai qu’il est rare que la montagne n’ait rien à me dire.