Je ne me suis pas installé ici pour me planquer.
Je voulais juste un chez-moi tranquille où je pourrais vivre ce que je voulais sans me soucier de la liberté des autres, sans avoir à réfléchir à l’impact que mes actes pouvaient avoir sur eux.
Un lieu à l’écart, où je pouvais hurler sans déranger personne, où je pouvais pleurer sans craindre que l’on vienne me consoler.
Un coin suffisament à l’écart pour que les autres ne culpabilisent pas de me laisser tranquille, et suffisament proche pour que la solitude ne m’étouffe pas.
Je ne me cachais pas. Mais je ne voulais pas qu’on vienne me trouver pour autant.
Pas mis de barricades, d’alarmes ou d’un quelconque système de sécurité.
Mais pas plus de pancarte lumineuse à l’entrée du domaine.
Et encore moins de distribution de cartes de visites.
Ou seulement à quelques âmes sûres que je me plais à accueillir ici.
Je n’ignorais pas que quiconque pouvait me retrouver bien sûr…
Il y eut d’ailleurs l’épisode de l’illuminée de la forêt.
Celle-là, elle m’a presque fait sursauter quand elle s’est pointée devant mon nouveau chez-moi pour déblatérer ses délires.
Au début, ça m’a soulé. Et puis finalement,en baissant quelques volets et en tirant les rideaux, elle s’est calmée.
Oh je sais bien qu’elle continue à roder là autour, sautillant d’arbre en arbre en pensant que je ne peux pas la voir.
Mais j’m en fous. Que l’on n’ait pas de vie, cela ne me dérange que si l’on se met en tête de polluer la mienne.
Alors au cas où, j’ai flingué un moineau qui gazoullait sur une branche de l’arbre derrière lequel elle se planquait hier.
Un coup de semonce afin qu’elle n’oublie pas qu’elle n’est plus la bienvenue ici.
Mais ce qui me décontenance beaucoup plus, c’est que EUX m’aient retrouvé.
Merde!
Mais qu’est-ce qu’ils foutent là?
Ils sont encore trop loin pour que je puisse les distinguer, mais j’ai reconnu l’ombre de l’uniforme sans celle d’un doute.
J’ai bien une idée sur celui, celle ou ceux qui auraient pu avoir l’audace de me chercher, la curiosité et la pugnacité pour approcher, mais je ne sais pas quoi faire avec ça.
Sortir pour les accueillir ?
Préparer un gouter surprise avec feu d’artifice de mes plus jolis tours quand ils décideront de sortir du buisson derrière lequel ils se cachent maladroitement ?
Ou pièger l’endroit et se barrer en effaçant toutes les traces qui pourraient les faire remonter jusqu’à moi?
Non…
Tout simplement attendre.
Comme toujours.
Tout se décante toujours naturellement.
Inutile d’hâter les choses. Cela se passe toujours comme cela doit se passer.
En attendant, je dois parvenir à ne rien changer à mes habitudes de vie dans cette modeste demeure.
Même si je sais que je suis observé par quelques uns de ceux qui me connaissent mais me découvrent vraiment…