we drift like worried fire

Alors que je m’écartais doucement, tapant mécaniquement ma main sur le sol à la recherche de mon paquet de cigarettes, elle s’est rapprochée de moi et a soufflé « Merci ».

Je compris au son de sa voix que ce n’était pas un Merci ordinaire, pas un Merci routinier.

Et puis pourquoi aurait-elle dû me remercier d’ailleurs ?
Peu importe sans doute.

Elle aurait pu aussi bien dire « Casserole » ou « Gilet » ou « Chanteur ».
Le mot n’avait pas d’importance.
C’était le ton de sa voix qui tentait de me dire quelque chose. Une altération légère de son timbre qui cherchait une confidence peu ordinaire.

Je lui répondis automatiquement un « Euh… de rien » masquant à grand mal le malaise que je ressentais pourtant.

« t’aurais pas un truc a boire? » enchaînais-je pour m’extirper de cette confidence grotesque en même temps que du canapé-lit dans lequel nous venions de faire l’Amour

« il y a la machine à café sur le comptoir » disait-elle en pointant vers le bar qui nous dominait, recouvrant du draps ses deux seins superbes.

Depuis quand devait-on se remercier pour ça ?

J’avais beau apprécier les mots, je les considérais surtout comme un mal nécessaire à défaut de savoir communiquer autrement. Je jouais avec, comme d’autres caressent les touches d’un piano. Et il pouvait parfois m’arriver de croire qu’une jolie combinaison, qu’une phrase bien ciselée pouvait ainsi créer ces émotions que j’aurais aimé comme seul mode de communication.

« Merci de m’avoir aimé ainsi » a-t’elle ajouté en fixant le plafond.

Debout, farfouillant nerveusement dans une boîte du bar, à la recherche d’une maudite capsule de café, je grommelais pour masquer mon malaise.

Le café coulait déjà alors que je dégainais une cigarette. Toute la contenance du fumeur tient dans une bouffée de cigarette.

Comme un joueur de tennis surpris par un service vicieux de l’adversaire, je tentais de reprend mes marques histoire de me sortir à bon compte de l’échange qui paraissait débuter.

« C’était bien oui »
pas terrible comme retour, voire totalement pathétique.
Je ne savais pas si j’avais envie d’aller plus loin avec elle.
Mais à vrai dire, ma courtoise n’était pas juste courtoise, cela faisait assez longtemps que cela n’avait pas été aussi bon effectivement.
Étrangement rasséréné par son silence, j’ajoutais même « Merci à toi surtout »

elle me renvoya un joli sourire triste avant d’ajouter
« Penses-tu que cela soit cela « Aimer » ? »

Je n’étais plus sur le court, j’étais dans les cordes.
J’imagine que j’aurais du prétexter une quelconque excuse, réunion de piscine à la con, et déclarer forfait dès la 2ème réplique.
J’imagine qu’encore 6 mois plus tôt, c’est ce que j’aurais fait…
Mais il y avait toujours dans le ton de sa voix ce timbre qui suggérait l’une de ces conversations essentielles…

...et Aussi

No comment