Ce matin là, je quittais à pied la maison de mon enfance pour retourner rapidement vers la gare. Histoire de vite reprendre ce TGV par lequel j’étais venu, et retrouver celles avec qui j’étais venu…
Ce TGV que je n’ai jamais pris finalement. Ces personnes que, je ne le savais pas encore, je ne reverrais plus…
Je me souviens qu’il faisait beau. Alors, me suis-je dit, pourquoi ne pas emprunter un autre itinéraire que celui que j’avais pris à l’aller ? De ce dont je me souvenais alors de la géographie de ma ville natale, cela ne devait pas être beaucoup plus long de toute facon…
Sauf que j’avais dû avec le temps oublier que ma ville n’était pas si petite. Ce n’était pas une bonne idée de vouloir emprunter un autre chemin…
Ma chienne était avec moi ce jour là. Et même si je ne reconnaissais plus le chemin, j’étais bien avec elle. Tranquille. Apaisé pour une fois. Je fredonnais en pianotant tranquillement sur mon blackberry. Sans trop savoir ce que j’y cherchais ou ce que j’avais envie d’y écrire d’ailleurs.
Mais cela a suffi a détourner mon attention, de sorte que je me suis bêtement retrouvé a l’orée d’un parc ou d’un bois… Un bois que je ne connaissais pas… C’était étrange à vrai dire que je ne sois jamais passé par cet endroit. Combien de temps avais-je bien pu marcher ? Ma ville avait donc tant grandi durant toutes ces années…
C’est à cet instant quand je relevais la tête en même temps que mon attention, que mon blackberry m’a échappé, et est tombé quelques mètres devant moi. Et c’est alors que je me baissais pour le ramasser que j’ai compris que ce ne serait pas une journée ordinaire…
D’où pouvaient donc bien venir ces deux renards aggressifs me signifiant que je ferais mieux de ne plus avancer? Je ne sais pas au juste. Au loin, c’est un loup que j’ai cru apercevoir! Oui, un Loup! Quelque part dans une ville de France, j’ai aperçu un loup… En tout cas, une espèce de chef de bande pour ces deux racailles canines…
J’ai bien tenté à nouveau d’approcher, mais ces animaux énervés cherchaient probablement à intimider ma chienne, lui signifiant leur haine pour sa soumission envers un humain…
Bref, j’ai finalement préféré rebrousser chemin, me disant que je repasserais plus tard quand ils ne seraient plus là. Pas plus surpris que ça de cette rencontre inattendue à vrai dire…
J’ai juste continué à errer dans cette ville qui me semblait tout de même bien familière. J’y étais déjà venu, c’était sûr. Mais aussi proche de ma ville qu’elle devait être, elle me paraissait en être très éloigné… L’architecture des constructions… La chaleur moite aussi… Comment avais-je donc pu me perdre ainsi? Je ne comprenais pas, sans pour autant parvenir à m’en inquièter. Quelque chose me disait de juste de me laisser aller. Et qu’ainsi j’irai où je devais aller…
Je suis bien sûr retourné à l’endroit où j’avais laissé tomber mon téléphone… Les racailles étaient parties. J’ai vu sur un muret des objets retrouvés par les gardiens du parc. Il y avait bien un blackberry, mais ce n’était pas le mien… J’ai tenté de reprendre mon chemin depuis le départ, me disant que logiquement je finirais par retomber dessus. Mais rien à faire… Introuvable… Bizarre….
Je suis finalement sorti du parc, ai remercié les gardiens, puis ai continué à errer dans la ville… Comme si je devais retomber par hasard sur mon téléphone perdu…
Mes recherches desesperees m’ont amené à entrer dans un vieil immeuble haussmanien. Il était déjà bien tard. Beaucoup de temps s’était écoulé en réalité. Il devait probablement déjà être 3 ou 4h du matin. Je ne pensais même plus alors à ce TGV que j’aurais pourtant dû prendre…
Dans cet immeuble, un appartement dont on semblait avoir volontairement laissé la porte entre-ouverte, et dans lequel je suis entré. Au fond une chambre avec de la lumière. J’étais un peu surpris de voir qu’il y avait plusieurs personnes dans cette pièce, toujours éveillées et qui bouquinaient le plus normalement du monde, couchées sur leurs lits superposés… Personne ici n’a eut l’air surpris de me voir. Ils m’auraient attendu qu’ils se seraient plus manifestés.
Mon attention s’est arrêté sur deux de ces personnes… Deux femmes à qui j’ai expliqué mon souci de téléphone. L’une d’entre elles a paru sincèrement vouloir m’aider. Après que je lui ai expliqué que je ne parvenais pas à retrouver l’endroit où j’avais perdu mon blackberry, elle m’a dit : « Mais Jub… Il n’a pas bougé. Il est toujours au même endroit. Ce n’est pas que tu ne le trouves pas, c’est que tu ne veux pas le retrouver… »
J’ai fait un pas en arrière. Déstabilisé par cette évidence… « Ah oui! Inconsciemment, j’ai fait exprès de perdre mon blackberry, et inconsciemment, je ne veux pas le retrouver! ».
A ce moment là, sa copine lui a retiré son pantalon. Et cela n’a choqué personne. Ni elles, ni moi. Même quand il est apparu qu’elle ne portait rien en dessous. Moi, j’étais juste tout retourné que quelqu’un ait semblé aussi bien savoir me parler. Alors, tellement attirés l’un vers l’autre, nous nous sommes embrassés….
Un peu gêné, comme un enfant qui aurait fait une betise, j’ai reculé après que nos levres se soient décollées. Elle a alors prononcé ces mots que je ne peux aujourd’hui oublier: « Jub, ce qui te gêne, c’est qu’avant j’étais un homme ? »
Là, j’ai regardé vers son entre-jambes nu. Il était totalement lisse. Il n’y avait juste rien! Elle n’avait pas de sexe…
Je suis sorti de la chambre en les remerciant timidement, tout en regardant fixement le plafond de la pièce où je me trouvais alors…
Car en cet instant, rempli de ces messages que j’avais urgemment besoin d’analyser, je me suis dit qu’il était temps que je me réveille…